Bienvenue sur le blog du Son et Lumières consacré au spectacle qui a eu lieu dans le Jardin de Thalie du Fort de Mons-en-Barœul, les jeudi 14, vendredi 15 et samedi 16 juin 2007. Merci aux 150 participants et aux associations Jonas et Visage. Retrouvez avec les textes et les photos des instants magiques et émouvants. Cliquez sur les photos pour les agrandir.

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Tableau n°8 - Le patronage, les inventaires





Jardinière :
Il a bien falloir se rendre à l’évidence
La Mélinite, l’invention d’ Eugène Turpin, a rendu obsolète tous les forts de Séré de Rivière.
Et objectivement… pouvions nous rêver mieux ?
En perdant sa raison d’être, cet endroit s’est offert le luxe de persevérer.
Jules Verne écrira tout de même son livre : » face au drapeau » et fera de Turpin un savant fou…
C’était sans doute ce qu’il y avait de mieux à en faire avec sa drôle de vie
Et cette contradiction fascinante que le plus grand protecteur de nos pierres est un homme qui avait inventé le moyen de les réduire poussière
La jardinière :
Pauvre Fort ! Ses 5400 mètres carrés de casernes et d’installations militaires n’auront jamais eu l’honneur des combats.
Il était né avec l’ambition de ne résister jusqu’à sa dernière pierre mais les guerres ne vont pas lui laisser l’occasion de prouver sa valeur.
Il n’a même pas été pris entre deux feux.
C'est un peu comme un canon qui sert de pot de fleurs, un fusil qui fait tuteur à pot de chiques... à haricots je veux dire !
Alors me direz vous vous, a-t-il servi... avant ce soir s’entend.
Oui, certes…les jeudis principalement… pour les enfants du patronage.
Balle aux P’, drapeau, drapeau double, béret, osselets ou chat perché,
autant d’occasion d’engager des parties,
de s’affronter sans compter et de se créer passionnément les chignons.
Mais dont les combats les plus intenses n’ont jamais fait que de laisser en bataille …
quelques mèches de cheveux.
Le bel édifice militaire aurait sûrement aimé abriter quelques morceaux de bravoure dans ses flancs
Avec l’attirail classique : de la baïonnette, du fusil, de la grenade, du canon, du n’importe quoi qui fasse couler un peu le sang, les tripes ou la poussière.
Ben non :
Au plus violent de ses échauffourées, la pire victime que notre fort ait eu a déplorer s’appelait Bucéphale, était en bois et appartenait à Momo.

Pendant que la conteuse parle, s'installent les enfants et le curé (en soutane et tout), avec sa trompe sur le côté, un ballon sous le bras et un carton plein d’accessoires sous l’autre.

Tous les gamins courent. Ils sont en culottes courtes, des avec des bretelles, des avec des bottines, des grandes chaussettes, des dont la chemise sort à moitié du short. Ils courent tous en criant.
Momo qui a un petit cheval de bois dans les mains, s’étale sur le gravier et, bien sûr, arrive bon dernier, pas en pleurant, ça jamais ! (son meilleur copain, constatant qu'il est tombé, revient sur ses pas pour l'aider à se relever, et l'épaule). Momo arrive bon dernier en boitant exagérément, et en bougonnant, râlant, maugréant, furieux, pendant que les autres crient :
« Momo, il a perdu, c’est le dernier, y devra balayer la sacristie ! »

Le curé
(fait les questions et les réponses en s’adressant aux enfants…)
Allez les enfants, dépêchez vous, le dernier arrivé à la grille devra balayer la sacristie… Allez…
Ah mes enfants je crois qu’on a un vainqueur et c’est notre ami Momo . Quoi c’est pas c’est pas du jeu ! Marcel, y t’a fait un croche-pied, c’est pour ça que tu t’ai cassé la gueule !
D’abord tu t’es pas cassé la gueule, Momo tu n’es pas un chien… même si tu ais
Et de toutes façons, il faut bien un dernier. Tu sais ce qu’a dit le seigneur ? Les derniers seront les premiers, alors te voilà rassuré ?
Hm ?
Oui Bucéphale aussi, il sera premier…
Le premiers au royaume des cieux mon enfants, En attendant en ce bas monde, on respecte l’ordre d’arrivée, comme au course, donc c’est toi qui balaye la sacristie pis c’est tout…
Les autres enfants rigolent…
Oh ça suffit ! c’est pas bien de se moquer de ses camarades !
Quelqu’un veut sans doute donner un coup de main à Momo et Bucéphale ?
Non, A la bonne heure !
Bon, c’est pas tout ça, on est venu pour jouer, parce que on est au patro… ?
Les enfants : nage !
Le curé
à la bonne heure !
Une bonne petite partoche de béret, ça va nous faire le plus grand bien !
Les enfants :
Oh non, non !!
Le curé
Non, une balle au p’ alors ?
Les enfants :
Oh non, non !! La Guerre, la guerre !!
Le curé
La guerre, vous trouvez que c’est un jeu ça ? On s’est donné un mal de chien pour qu’elle vienne pas jusqu’ici, c’est pas pour jouer à se la faire?
tu trouves que c'est marrant, la guerre ? Eh bien, moi pas ! Si vous voulez jouer à des jeux comme ça, vous y jouerez entre vous, mais à un autre moment ! Bon, allez, on fait les équipes. Henriette et Pierre, vous qui avez des noms de cloches, vous n’avez qu’à faire chef d’équipe.
Quoi, ? Mais non, c’est les vrais noms des cloches de l’église Saint Pierre, celles que je sonne depuis 20 ans.
Oh vous êtes moqueurs tout de même.
Bon je vais vous laisser jouer un peu tout seul, je dois aller préparer notre grande « foire au plaisir » avec les soeurs Hennebelles. Hein ?
Mais non vous n’y êtes pas, c’est pour présenter les activités du patronage et des jeunes filles de Marie, Vous êtes moqueurs tout de même !
L’abbé se dirige vers l’église pour serrer des mains. Les visages sont attérés et l’ambiance est morose.





La jardinière :
Mais il faut parfois se rendre à l’evidence, l’affrontement, les gens ont ça dans la peau. Et quand un ennemi n’a pas eu le bon goût de se déclarer de loin, on sait aussi s’en faire un de son voisin, en prétextant une loi ou un malentendu. Ou pire, une loi mal entendue
5 mars 1906, la séparation de l’église et de l’état est appliquée sur tout le territoire.
On réclame l’inventaire de tous les biens de chaque paroisse.
Les communautés, a travers toute la France vont crier à l’injustice, à la spoliation, les fidèles vont tenter de se retrancher aux abords des église. Nuit et jour
On y sert le vin chaud pour les veilleurs ;
Ce sont les beaux jours d’une lutte d’un autre age, ou l’on croyait résister en chantant des cantiques…ou en entassant des prie-Dieu.
Alexandre Grimonpont, l’abbé Rigaut, les dirigeants du conseil paroissial voudraient discuter la décision.
Mais c’est une compagnie de chasseur qui viendra leur répondre…

Installation de la barricade
Arrivée des militaires
Prise de position
Engagement
Immobilisation !!






L’abbé :
Arrêtez vous, arrêtez vous ! Mais vous êtes tous devenus fous ?
Mais qu’est-ce que vous avez dans le cœur pour oser croire que de vous taper dessus ça peut arranger quoique ce soit?
Ils veulent prendre les biens de notre église ? Et bien qu’ils le fassent… qu’ils les donnent aux œuvres de bienfaisance ? Très bien, ça leur appartient déjà de toutes façons…
Ils veulent répertorier noter, remplir, des cahiers, et ben laissez !
Si ça les amusent et s’ils ont du papier à gâcher,
Vous iriez pas vous frapper pour une paire de chaises et trois crucifix ?
Mais pourquoi ! Par principe ?
Quel singulier principe de taper sur son semblable pour sauver des kayelles ?
Vous vous volez vous même. Ça n’a pas de sens mais si c’est votre devoir…faites !



Alors ?
Servez vous, emportez ce que vous voulez !
Faites comme chez vous, vous êtes vous !
Partez avec ces chaises, y a pas de mal à prier debout.
Réfléchissez ! Pas une seule d’entre elles ne vaut qu’on se batte pour elle.
Je sais que je ne sais pas tout,
pourtant les années que j’ai vécues au milieu de vous tous m’en ont enseigné une :
Ici, c’est pas les morceaux de bois qui sont sacrés, c’est la vie, monsieur.
Tout le reste c’est du vent…
Mais qu’on la passe à obéir aux lois de ce monde ou de celui d’après
toutes ses larmes sont salées.