

Je m’appelle Raymond Adolphe Séré de Rivières, mais mes initiales c’est RAS
C’est pas des initiales de rêve quand on aime pas la castagne ?




Séré de Rivières
Edifier, construire, laisser des traces, des empilements de pierres, des tas, j’en laisserai des tas. Partout ! Parce que la défense, c’est mon fer de lance. Je construit donc j’existe.
Je m’appelle Raymond Adolphe Séré de Rivières.
La construction d’un fort est une chose magnifique. C’est l’histoire d’une vie, d’un destin,
Dis moi ce que tu as à défendre, je te dirai qui tu es…
Je vis dans une époque où le combat est à la mode, où le régime est à la méfiance, à l’idée que l’ennemi est un invisible mais pas loin et que ça se fait de comparer la taille de son fusil
Il s’agit d’en imposer, d’avoir l’air le plus fort, pour éviter d’avoir à le prouver. C’est ma chance à moi, j’aime construire grand, solide et fort…
Depuis que je suis petit, j’préfrère les chemins de ronde aux chemins de fer.
Je m’appelle Raymond Adolphe Séré de Rivières,
Que disons nous aux gens qui passent en construisant un fort ?
Nous leur disons, si tu viens en ami, entre,
mais si tu viens en ennemi, sois assuré de ne pas aller plus loin.
Les gens sont comme des hérissons : S’ils s’approchent trop les uns des autres, ils se piquent, mais si ils s’éloignent trop, ils ont froids.
C’est pour ça que je construit des forts immenses, pour qu’ils puissent trouver la bonne distance entre eux, à l’abri du vent,
C’est ça la vocation de mon fort.
C’est peut-être ça le sens de la vie, le sens de ma vie.
Trouver la bonne distance…
Et je vais vous dire un truc, au plus prés au mieux.
Mon fort à moi, il est pas encore fini qu’il rapproche déjà les gens.
Y plus de 500 belges qu’on a fait venir pour le construire, et le dimanche, y a toute la région qui vient visiter le chantier et se payer des barquettes.
Et moi, rien que ça, ça me rend gaite
Je m’appelle Raymond Adolphe Séré de Rivières, mais mes initiales c’est RAS
C’est pas des initiales de rêve quand on aime pas la castagne ?
Je les destine pas aux fumées des combat mes efforts, pourquoi je me donnerai du mal pour que ça finisse en poussière…
Je fais des forts parce que j’ai ça dans le sang, et que mon sang coule dans mes forts.
Même à l’école j’ai toujours préféré empiler les pierres que de les lancer.
Je m’appelle Raymond Adolphe Séré de Rivières,
je suis plus un anonyme, pourtant j’ai fait X…
Ce qui me désole surtout, c’est qu’un jour il va falloir confier cette beauté a des militaires.
Je sais bien que leur stratégie est caduque.
Je fais comme si mais je sais
Ils sont déjà dans les cartons, les canons qui peuvent bousiller n’importe quel endroit de la terre depuis n’importe quel autre…
Que croyez vous ? Je le sais… C’est pas ça qui va m’empêcher de construire.
Moi ce que j’édifie survivra à leur envie de se mettre sur la gueule, et à leurs canons de malheur…
Moi, je fais dans les pierres
Et mes pierres diront un jour combien j’ai eu raison.
Il s’immobilise en centre de scène et on vient le débarrasser comme si c’était un musée de cire.
Visite guidée du chantier.