Bienvenue sur le blog du Son et Lumières consacré au spectacle qui a eu lieu dans le Jardin de Thalie du Fort de Mons-en-Barœul, les jeudi 14, vendredi 15 et samedi 16 juin 2007. Merci aux 150 participants et aux associations Jonas et Visage. Retrouvez avec les textes et les photos des instants magiques et émouvants. Cliquez sur les photos pour les agrandir.

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Tableau n°6 - Le Fort sous l'occupation allemande

DCA, tirs dans le ciel, alertes très lointaine, du tocsin etc…
L’hôpital de campagne s’installe on apporte des blessés, on les installe,

Jardinière :
Le 2 mai 1915, le fort est investi par les troupes de l’occupant.
Il servira d’hôpital et de prison.
Des milliers de jeunes hommes viendront graver le nombre de leurs jours sans lumière sur ces briques…
Du Portugal, d’Angleterre, d’Italie, du Canada ou du bout de la rue,
En ce XX ème siècle, qui n’en finit plus de commencer,
La liberté du monde qu’on croit moderne
se paie, ici,
Et au prix fort…

Les défricheuses



La femme
Ce qu’on avait récolté, ils l’ont déjà volé, alors maintenant il faut qu’on leur arrache ce qui a même pas encore poussé… Pour qu’ils notent bien, qu’on a plus rien…
Parcequ’ils notent tout, tout le temps. Il remplissent des cahiers avec tout ce qu’on n’a plus
Ils distribuent tout le temps des tas de feuilles qu’il faut leur présenter chaque fois qu’on les croise. Pour qu’ils vérifient qu’ils nous les ont donnés sans doute.
Et quand t’essaye d’aller chez l’épicier avec leurs satanés tickets de ration,
on te donne quand même rien, parcequ’il y a rien.
Je ne vois pas bien à quoi ça peut leur servir de noter qu’on a pas vu de pain depuis trois ans.

Et en plus, je devrais les nourrir ?
Ceux-là qui vivent dans mon salon, comme si que c’était chez eux.
Ben non, c’est pas chez eux.
Si c’était vraiment chez eux, il piqueraient pas toute notre ferraille, nos matelas et même nos patates.
Deux allemands tirent en l’air.

C’est tout ce qu’ils ont trouvé à faire ces cons-là, ils tirent sur nos coulons.
Et puis après ils notent dans leurs grands cahiers combien qu’ils en ont eu.
Si mes gosses avaient pas si faim, ça me ferait presque rigoler tiens.
Alors quoi, ils ont pas de gosses en Allemagne ou quoi?
Ils ont même avancé l’heure de la ville pour qu’on soye comme eux.
Si seulement on l’avait laissé comme avant, on aurait été libre une heure de plus…

Des gendarmes emmènent l’abbé







Jeanne
Ils ont arrêté l’abbé Salembier
La femme
C’est pas vrai ? Pourquoi ?
Jeanne
parcequ’ils ont trouvé des armes dans le presbytère.
La femme
Oh mon dieu, il va finir brassard rouge, c’est sûr !
Jeanne
Je sais pas…
Les armes en question, c’est les épées en fer blanc dont on se sert pour répéter le Cid au patronage…
La femme
Jeanne s’en va vers
Mais où tu vas encore, Jeanne ! Reste ici et travaille !
Jeanne
Nan il faut que j’y aille, je le connais celui là, il vend la » patience »…
Si les frisés le trouvent avec ça sur lui, ça va mal se passer…

Jeanne court au milieu des prisonniers avec une brouette
et prend un tas de journaux à un des prisonniers qui s’avance

La femme
Tu vas nous faire attraper des ennuis…
Reviens ici tout de suite !
Jeanne reviens dans les jupes de la femme. Un soldat allemand la poursuit puis s’arrête devant la femme…
Mais oui bien sûr, lieutenant oui, pardon !
Vous savez comme sont les gosses de nos jours ! Nous vous savez pas !
Pour elle même
Non, bien sur tu ne sais pas !
Oui oui, on s’y remet ça vient…’oilààà
Tête de lard!…
Jeanne
Qui lit le journal
Vous avez vu, il y a eu quatre monsois qu’on avait enlevé et qui sont morts au « bataillon des civils de l’Aisne ».
La femme
Ouais, ça doit être pour ça qu’ils ont enlevé florimond et Victor Grimonprez
‘Note, vaut mieux ça que le bataillon de la mort, où ils ont envoyé Lucien Marchand et Georges Valleur. Pauvres garçons, ils en reviendront jamais…
Jeanne
C’est aussi écrit que la « queen of spies » en est à sa 19 ème mission dans notre zone…
La femme
C’est quoi la queen machin là ?
Jeanne
C’est Alice ! « queen of spies », ça veut dire » reine des espionnes .
La femme
Et c’est qui Alice ?
Jeanne
Alice. Alice Dubois , du service « ramble»
On l’appelle aussi « Pauline » des fois, enfin, tu sais bien
La femme
Ben non je sais pas!
Jeanne
Louise de Bettignies quoi, la « Jeanne d’arc » du Nord…
Enfin,c’est elle qui a crée le réseau « Alice »,
C’est elle qui fournit des renseignements aux anglais en passant par la Belgique
Et qui transmet des lettres aux familles des soldats
Et qui leur fait passer la frontière sous de fausses identités en risquant sa peau à l’aller comme au retour…tu sais pas ça toi ?
La femme
Non, Mais toi, comment tu sais tout ça ?
Jeanne
Parce que le jeudi,
les évadés,
c’est moi qui les fait passer…
La femme
Hein ?



Jardinière :
Elle ne s’appelle pas encore Parmentier, mais c’ est une fleur d’ici
elle est jeune et telle a dans le bleu de l’œil
le courage et la rage
qui font étinceler ceux qui se refusent à vivre à courbés.
Elle ne peux pas se contenter de traverser l’histoire
Jeanne, elle veut écrire sa liberté et la signer de sa main.
Médaillée par l’Angleterre, par la France, pour cette guerre et pour la prochaine.
Tu seras lieutenant des forces combattantes, chevalier de la légion d’honneur
tu t’appelles Jeanne
mais déjà,
Mons te dit « madame »…

Explosions énormes toutes proches, tranchées, bagarres





Jardinière
On s’est élevés, on s’est battu,
Battu pour des idées qu’on croyaient éternelles
mais qu’on s’est chargé d’oublier à notre place, deux ou trois fois au court de la même vie
Drôle d’éternité, que celle qui ne voit pas plus loin que le bout de son fusil.
Il y en a une qui s’est appelée comme ça, la « Drôle de guerre » pis, la « grande », la « der des der »
Faut se méfier des gens qui disent c’est la dernière… C’est souvent les même qui commencent…
Des larmes et des alarmes, des bombes,
on retourne la terre de son adversaire, pour l’ensevelir en même temps qu’il tombe
Mais ça n’a jamais rien fait pousser de bon, le sang !

Explosions gigantesques
Immobilisation…
Mort…









Moi je ne sais pas, ils auraient pu l’appeler
« l’assassine », « l’Injuste » , ou « celle qu’on aurait pas du faire »!
Dans les livres d’histoires, ça aurait laissé moins de place au doute.
Dans les manuels d’écolier, ç’aurait été plus clair…
A moins que… a moins que ceux qui vendent les livres
et ceux qui vendent des armes, ce soient les mêmes…
Mais ça c’est pas possible,
ça se saurait…